Le petit se redressa de la table de cuisine pour aller voir la marmite qui sifflait pour annoncer que le repas était bien cuit. Prenant un gant de cuisine, il souleva le couvercle pour vérifier et prit un plat. Montant sur un petit tabouret, il se mit sur la pointe des pieds pour saisir le plat qui était dans le placard… Mais malheureusement en le prenant il entraîna trois autres bol qui finirent par tomber et se fracasser sur le sol. Ses yeux s’écarquillèrent avec horreur et il se mit à trembler lorsqu’il entendit les pas précipités qui s’approchaient de lui… « Espèce d’idiot ! Tu ne sais rien faire ou quoi ?! » Le petit brun regarda son père avec terreur alors qu’il voyait cette mains, celle qui haïssait tant se lever. Il referma les yeux et se crispa, pour encaisser le coup qui allait venir et qui généralement en amenait d’autres. Il jeta un regard à la femme qu’il appelait maman et la vit sur le canapé, pieds sur la table basse, en train de se pencher pour se faire un rail de coke. A cette vue, il ne pouvait que laisser la larme silencieuse couler sur sa joue avant de recevoir un énième coup par son père… Ce petit garçon s’appelle Aaron Ludwig Abraham, et il n’a à peine que 8 ans…

Aaron regarda son contrôle avec satisfaction. Il avait révisé comme un fou pour remonter ses résultats. Il n’avait jamais été un élève studieux. C’était surtout les coups que sa mère lui avait porté qui l’avait motivé à travailler plus et à avoir un petit peu d’amour de la part de sa mère, un regard, ou quelque chose… De cette magnifique femme blonde qui ne lui avait jamais montré un seul signe d’affection. Il avait toujours été jaloux de ses camarades de classe, qui couraient vers les bras de leur mère, qui avaient le droit à un petit baiser et d’un câlin après les cours. Qui repartaient avec leur mère à la fin des cours. Lui, avait toujours fait son trajet tout seul… Toujours. Alors il était persuadé qu’en montrant ce contrôle où il avait eu 19.5/20, sa mère serait fière de lui et le prendrait dans ses bras. Il ouvrit la porte de leur appartement en s’écriant « Maman ! Regarde ! J’ai eu une bonne note ! » La mère releva la tête, en arrêtant de faire sa manucure. « Quoi ? » Aaron se rapprocha rapidement et lui montra la feuille. Elle regarda le bout de papier un long moment avant de lui mettre une gifle. « Abruti ! Tu aurais pu faire mieux ! Casse-toi ! » Aaron retint ses larmes avec difficultés avant de crier en entendant la porte d’entrée s’ouvrir « Je vous déteste ! Vous n’êtes pas mes parents ! » Il courut s’enfermer dans sa chambre en entendant les rires de ses parents qu’il ne pouvait comprendre. Aaron n’avait que 15 ans…

Assit sur sa chaise Aaron regardait le tableau sans très grand intérêt. Le professeur essayait vainement de faire son cours. Entre les garçons du clan de Aaron qui parlaient à voix hautes, ses groupies et des geeks qui parlaient du dernier jeu vidéo, ce cours de maths de menait à rien. Il se passa une main dans les cheveux ce qui provoqua un soupir des filles qui le fixaient depuis le début des cours. Ou bien depuis qu'il est arrivé dans le lycée. Aaron le garçon le plus populaire, quaterback dans l'équité de foot et capitaine, il avait de quoi faire baver les filles. Mais ce qui attiraient le plus ces filles c'était son côté à la fois froid et mystérieux. Il était bien connu pour ne jamais respecter les règles et à n'en faire qu'à sa tête. Il était bien connu pour ses droites et tout le monde le craignait. Surtout quand il se ramenait avec une batte su les épaules. Des que la fin du cours sonna il se leva et fut le premier à sortir de la classe. Allant à son casier il prit ses affaires de sport et se dirigea vers le stade quand une voix l'interpella. « Mr. Abraham ! » Aaron roula des yeux soupirant longuement avant de se retourner et de se trouver nez à nez avec le vice proviseur. « J'aimerai vous parler dans mon bureau si vous le voulez bien. » il haussa les épaules « Allons-y. » il le suivit mettant son sac sur son épaule, enfonçant ses mains dans ses poches. Il aurait encore le droit à une morale sur ses notes... Il n'était pas un bon élève... Plus depuis ce jour. « Mr. Abraham. Vos résultats ne sont pas acceptables. Si vous continuez comme ça aucune université ne vous acceptera et je serai... » Aaron leva la main pour l'arrêter et il planta son regard bleu azur dans les yeux de son vice proviseur. « Économisez votre salive monsieur. Je n'irai pas à l'université à la rentrée. » Le proviseur s'adossa à son fauteuil avant de joindre ses mains. « Et où iriez vous ? » Aaron se releva et fit un petit sourire en coin. « Je m'engage dans l'armée. » Aaron prit son sac et sortit du bureau. La porte étant restée entrebâillée, leur conversation avait été entendue par plusieurs élèves qui le regardaient surpris. Personne ne s'attendait à voir un adolescent vouloir s'engager dans l'armée à seulement 17 ans...

Aaron regarda le reste de sa chambre. Il sourit doucement en voyant la trace qu'avaient laissés les posters lorsqu'ils les avait enlevés. Il regarda sa commode qui n'avait jamais été vraiment pleine. Ses quelques jouets maintenant dans un carton. Il regarda son vieux lit qui grinçait au moindre mouvement. Il regarda la fenêtre qui avait été comme son seul échappatoire lorsqu'il se sentait enfermé. Il sourit se baissant pour fermer son sac qui contenait le peu d'affaires personnelles et le prit ainsi que le carton avant de quitter sa chambre. Il passa devant le salon où son père et sa mère venaient de se faire un rail de cocaïne. « Tu vas où avec ton sac ? » grogna ce qui lui servait de paternel. « Loin de vous. » son père se leva titubant, visiblement de mauvaise humeur. « Te fous pas de la gueule Aaron. Sinon tu sais ce qui en suivra. Tu. Vas. Où. » Évidement qu'il le savait. Maintenant qu'il était grand et muscle, les baffes et les coups de son père à mains nues ne suffisaient plus. Son père avait donc finit par utiliser une batte de baseball pour le frapper. « Je vais aller la ou jamais vous ne me reverrez. En fait non. Je vais la où je n'aurais plus jamais à vous voir vous. » Sa mère tourna la tête vers eux les regardant en planant. « Je vais à l'armée. Alors... Adieu. »il sortit de leur appartement miteux en claquant la porte... Quelques heures plus tard, il se retrouva face à un formulaire. Il prit le stylo et marqua : Je soussigné Aaron Ludwig Abraham, 18 ans, souhaite m'engager de ma propre volonté dans l'armée afin de défendre mon pays, ma nation.

Il regarda l'immeuble désaffecté dans lequel ses camarades devaient faire une descente. L'immeuble avait comme rumeur d'être le second quartier général des terroristes. Il était bien à plusieurs centaines de mètres du bâtiment mais guettait. Il entendait ses camarades avancer dans leur progression. Il fronça les sourcils en voyant des terroristes grimper sur le toit pour les attaquer par surprise. Son poignet arriva devant ses lèvres pour pouvoir prévenir ses camarades. « Embuscade par le toit et fenêtres. » Il se pencha alors et mit son œil dans l'objectif. Rapide et précis il abattait chaque homme d'une balle dans le cœur ou dans la tête. Aaron était le meilleur tireur d'élite de sa promotion. Quelques minutes plus tard il entendit ses camarades le remercier « Merci Aaron... Au fait, joyeux anniversaire! » Il sourit et se redressa alors prenant l'arme dans ses mains. La mission était terminée. Et aujourd'hui il fêtait ses 20 ans...

Aaron sourit en soufflant sur les 30 bougies… Ses camarades lui avaient fait un gâteau à la va vite. Il était quand même content… Cela faisait exactement 12 ans qu’il était dans l’armée. Et il en avait vu des horreurs. Il était celui qui était resté le plus longtemps sur le terrain, celui qui n’avait pas perdu la tête au bout de quelques années. Mais il avait vu ses camarades, ses amis devenirs fous, tous, et le quitter un à un. Certains avaient préféré rentrer chez eux aux Etats-Unis, et d’autre avaient fait parties des victimes de la guerre. Tués par balle, par explosions. Il avait vu ses amis mourir sous ses yeux et avait échappé plus d’une fois de justesse à la mort. Mais aujourd’hui, après douze longues années d’engagement, et de services militaires en Afghanistan, il avait enfin décidé de reposer les pieds sur la terre ferme, en ville, là où il ne verrait plus de déserts à perde de vue. Il y a effectivement eu un élément déclencheur à tout ça… Il y a quelques semaines, il avait réussit à sauver une petite fille d’une explosion. Et c’est lorsqu’elle l’avait remercié qu’il s’était rendu compte qu’il ne pouvait plus supporter de voir des morts à longueur de journée… Qu’il fallait qu’il profite de la vie enfin.

La malédiction ? Il n’y croyait pas du tout. Lorsqu’il était arrivé il y a deux ans, tout juste rentré de sa dernière mission en Afghanistan, il s’était contenté de s’installer dans son nouvel appartement acheté avec une petite partie de ses 12 ans de service à Paradise. Le nom de la ville lui avait bien plu, c’était même la raison pour laquelle il avait choisi cette ville et non une autre. Mais il ne fallait pas oublier qu'il n'avait plus envie de revoir ses parents... Et que des personnes comme eux ne chercheraient pas à le trouver dans une ville comme celle-ci. Il avait à peine trente ans, et il avait à peine posé ses valises que depuis un mois lorsqu’il décida d’aller en boîte de nuit. Il s’était mis à traîner, et avait trouvé une cavalière pour danser. Sa première sortie depuis ses 18 ans, alors il en profitait tout de même… Collés serrés, ils avaient dansés toute la nuit, avec la bonne intention de se faire plaisir le soir, sans lendemain, pour recommencer de nouveau le lendemain avec une femme différente. Il avait 30 ans, il était beau, et il le savait, alors il fallait en profiter. Mais personne n’aurait imaginé qu’en l’embrassant le soir même, il l’aurait demandé en mariage, et qu’elle accepta sans même refuser… Avant de se rendre compte qu’ils ont étés victimes d’une malédiction avec l’impossibilité de divorcer. Depuis, ça fait deux ans qu’ils se détestent, ça fait deux ans qu’elle habite chez lui par contrainte, et deux ans que l’alliance en or blanc lui pesait sur son doigt…