Sujet: (dorian) ★ the lion's roar. Mer 14 Aoû - 12:04
“ morning sings of forgotten things ”
Well I guess sometimes I wish you were a little more predictable That I could read you just like a book For now I can only guess what's coming next By examining your timid smileAnd the ways of the old, old winds blowing you back 'round. And I'm a goddamn fool, but then again so are you. ★ DORIAN WANDEL-BURROWS & DOREAH-SNOW MORIARTY.
Elle n’aurait jamais du l’écouter. C’était une évidence, quelque chose qu’elle avait su à la minute où leurs chemins s’étaient rencontrés. Dorian n’était pas le genre d’homme à écouter. Il n’était qu’un imbécile croyant tout savoir sur tout. Il n’avait pourtant rien d’un génie, c’était juste un type comme un autre, le stéréotype du gars déçu par l’amour et qui se retrouve à picoler comme si ça pouvait arranger ses problèmes. Au passage, le gars qui picole plus que de raison pour oublier ses problèmes, ça lui rappelait vaguement quelqu’un. Il fallait croire qu’elle les attirait ceux là. Elle aurait mieux fait de laisser l’un de ses collègues s’occuper de Dorian ce soir là, ne jamais croisé sa route aurait forcément été une meilleure chose. Au moins, hier soir, elle avait réussi à lui prouver qu’il avait tord. Elle aurait aimé que ce soit autrement qu’en ayant à présent la gueule de bois. Il avait prétendu que quelques verres ne pouvaient pas faire de mal, qu’on pouvait boire avec modération sans être complètement bourré. Le fait été que, malgré ses brillantes déductions et son pseudos talents pour comprendre les gens d’un seul regard ; il ne la connaissait pas. Il ne savait rien d’elle, si ce n’est qu’elle était médecin et qu’elle avait peut-être tendance à juger un peu vite. Certes, pas de chance pour lui, elle était juste de moins en moins tolérante avec les gens qui puaient l’alcool à des kilomètres à la ronde. C’était là le résultat de ses nombreux échecs pour remettre Reed sur la bonne voie. Au fond, Dorian ne pouvait en vouloir qu’à Reed, même s’ils ne le connaissaient peut-être pas. Au pire, elle pourrait peut-être les aider à se rencontrer en les envoyant tous les deux à une réunion des alcooliques anonymes. Dorian avait cru lui prouver la veille qu’il n’y avait aucun mal à boire. Il s’était bien planté. Les souvenirs qu’elle gardait de cette soirée passée avec lui étaient particulièrement, mais il était clair que ça ne s’était pas très bien passé pour elle. Elle ne tenait pas l’alcool, elle le savait très bien. Elle pouvait même expliquer pourquoi elle ne tenait pas l’alcool. C’était une question de physique. Elle était toute petite (chose qu’elle n’avouait finalement que quand ça l’arrangeait) et n’était pas très épaisse, bref c’était prouvé scientifiquement les personnes minces et petites avaient plus de difficultés à résister aux problèmes de l’alcool que les personnes grandes et fortes. C’était d’ailleurs la raison pour laquelle en moyenne, les femmes tenaient moins bien l’alcool que les hommes. Evidemment, des types comme Reed ou Dorian qui dépassaient sans doute les un mètre quatre-vingt tenaient beaucoup mieux l’alcool que des filles comme elle qui dépassaient à peine un mètre cinquante-cinq. Il fallait croire que Dorian, celui qui s’improvisait monsieur je sais tout, avait oublié ce détail. Il avait eu tord, elle le savait, elle l’avait su à la minute où il avait énoncé sa théorie bidon. Ce qu’elle ne savait pas, c’était quelle folie avait pu lui passer par la tête pour qu’elle se mette à picoler, comme pour lui prouver qu’il avait tord, le dire et l’expliquer aurait très certainement suffit. Maintenant, c’était elle qui en payer les conséquences. Elle ne pouvait que le détester de l’avoir ainsi poussée sur un chemin bien délicat la veille et qui l’avait fait atterrir à la case gueule de bois. C’était cet état désagréable dans lequel elle se trouvait, à peine réveillée par le bruit strident de son réveil qui lui faisait se demander pourquoi est-ce qu’il y avait des gens comme Dorian surement ou en tous cas comme Reed qui passaient leur temps à boire et qui se retrouvaient systématiquement dans cet état. C’était insupportable, cette impression de fatigue, ce mal de tête qui lui donnait envie de se cogner la tête contre un mur jusqu’à s’en assommer. Elle se demandait vraiment comment son meilleur ami faisait pour supporter ça au quotidien. Au final, elle la connaissait la réponse à cette question, ce qu’il faisait pour supporter ça : il reprenait ses bouteilles et se bourrait encore la gueule. Un cercle vicieux duquel il n’était pas prêt de sortir, malgré tous les efforts qu’elle faisait pour l’aider. Il fallait croire qu’au fond, les efforts qu’elle pouvait faire pour lui, il n’en avait rien à faire.
Sortir de son lit avait été une épreuve difficile. Sous la douche, elle avait presque cru qu’elle allait de nouveau s’endormir et devant son café, garder les yeux ouverts lui avait semblé être un véritable défi. Elle avait pourtant réussi. Avant de partir, elle avait pris soin de mettre une boite d’aspirine dans son sac et de se maquiller bien plus que d’habitude, histoire de bien cacher les traces de fatigue qui barraient son visage. Cette gueule de bois n’aurait pas raison d’elle. Ses lunettes de soleil sur le nez, elle avait pu quitter son appartement pour se rendre jusqu’à l’hôpital. Quelques cafés et quelques aspirines plus tard, elle était presque prête à affronter la longue, trop longue journée qui s’imposait à elle. Elle ne rêvait plus que du moment où elle rentrerait chez elle, qu’elle irait directement dans son lit pour dormir paisiblement et oublier cette maudite cuite qu’elle s’était mangé la veille. C’était la dernière fois qu’elle faisait un truc pareil. Dorian ne l’y repousserait plus. Elle avait une réputation à tenir, surtout vis-à-vis de Reed sur lequel elle criait volonté à chaque fois qu’elle le retrouvait complètement saoul. Evidemment, ce petit écart de conduite, il n’en saurait rien. Ils n’étaient pas mariés, et contrairement à ce qu’on pouvait il y avait quelques détails de sa vie qu’elle n’était pas prête à partager avec son ami. Ils étaient rares certes, mais pas inexistant. Enfin, depuis une semaine, elle ne partageait plus rien du tout avec lui. Il y avait bien des moments où elle attrapait son téléphone pour le joindre, parce qu’elle avait quelque chose de particulièrement important – ou carrément pas – à lui raconter. Depuis le début de la semaine, il lui était arrivé de se retrouver devant son immeuble, comme s’il s’agissait d’un maudit instinct dont elle n’arrivait pas à se débarrasser. Pourtant durant ses quatre dernières années elle aurait du apprendre à se désintoxiquée de son addiction à Reed. Il passait plus de temps au front qu’en ville. Mais non, même durant cette période, il fallait qu’elle passe devant chez lui régulièrement. Stupide Doreah. Depuis le début de la semaine, elle réussissait cependant à rebrousser rapidement chemin et à lâcher son téléphone quand elle était sur le point de l’appeler. Au final, une semaine sans lui donner signe de vie, c’était un record. Même quand il avait été au front elle lui avait envoyé des lettres plus régulièrement que ça. Elle tenait bon, même si c’était compliqué, il fallait qu’elle tienne bon, c’était la meilleure chose à faire, aussi bien pour elle que pour lui. Peut-être qu’en la perdant, il réaliserait qu’il était vraiment temps de se bouger le cul. Et puis elle, elle n’avait pas envie de croiser à nouveau son regard avant d’avoir complètement oublié qu’il l’avait embrassée. Elle ne savait pas si c’était possible, mais il avait semé trop de doute dans sa vie, maintenant, il fallait qu’elle remette de l’ordre dedans et loin de Reed c’était plus simple. Loin de Dorian également. Sa cuite de la veille ne l’avait en rien aidé à réfléchir à cette affaire. Elle aurait mieux fait de passer la soirée en compagnie de son petit ami plutôt qu’avec l’autre débile de Dorian. Au final, elle ne l’avait croisé que par hasard, dans un bar dans lequel elle n’avait pas eu l’intention de rester à l’origine. Ça ne se reproduirait plus. Elle n’avait pas l’intention de passer d’autres soirées avec ce type. Il était insupportable. Passer du temps avec lui, ça pouvait presque être un motif valable pour un suicide, or elle n’avait pas l’intention d’en arriver là, ainsi, pour sa santé, il était plus sage qu’elle choisisse de complètement l’éviter.
C’était une décision sage qu’elle avait prise. Une décision qui lui avait au moins permis d’oublier Dorian pendant une longue partie de la journée. Tout comme elle avait réussi à évacuer Reed de ses pensées pour rester parfaitement professionnelle et de s’occuper des ses patients sans paraitre complètement distraite à cause des alcooliques qui commençaient à s’imposer bien plus qu’elle ne le coudrait dans son quotidien. Reed lui avait déjà pourri bien des journées à cause de son problème avec l’alcool, il avait même fichu en l’air l’un des ses entretiens. Dorian quant à lui, il lui avait pourri au moins deux soirées. Celle de la veille dont elle ne se souvenait plus vraiment, mais elle se souvenait très bien du réveil ce matin. Mais aussi celle où elle l’avait rencontré. Au fond passer une soirée aux urgences, c’était forcément passer une mauvaise soirée. Mais y rencontré Dorian, ça avait été pire encore. C’était une rencontre dont elle se serait bien passée, la preuve étant que si elle ne l’avait pas rencontré, la veille, il ne serait pas venu vers elle et elle n’aurait eu aucun problème de gueule de bois en se levant ce matin. Elle était médecin, elle ne pouvait pas se permettre de passer ses soirées à boire. C’était peut-être pas son cas à lui dans elle ne savait pas quel boulot qu’il pouvait faire. Mais en tant que médecin, elle avait des responsabilités. Reed lui n’avait pas l’air de s’en rendre compte. Un jour il comprendrait, quand il serait incapable de tenir quoi que ce soit dans sa main à cause de tremblement ou qu’il se retrouverait sur le billard à se faire changer le foie. En parlant de foie, ça lui rappelait son père qui attendait toujours qu’une âme charitable accepte de lui passer une moitié de son foie. Une âme charitable qui aurait du être elle, sa fille. C’était du moins ce que pensait sa détestable demi-sœur. Encore une histoire qui avait tendance à pourrir chacune de ses journées. S’il fallait qu’elle trouve une bonne raison pour se mettre à picoler, ça pourrait être celle là tiens, foutre son foie en l’air histoire qu’on lui fiche la paix avec cette histoire de greffe. Elle n’avait aucune raison de donner un organe à un homme qui l’avait laissé tomber quand elle avait dix ans. Elle aurait pu crever la gueule ouverte que lui, il n’aurait pas bougé le petit doigt alors elle ne voyait pas pourquoi elle, il faudrait qu’elle accepte de se faire couper en deux un putain d’organe pour ses beaux yeux. Filant dans les couloirs de l’hôpital, elle laissa échapper un soupire. Il fallait aussi qu’elle évite de penser à ça. Malheureusement pour elle, c’était tout les trucs bien chiant de sa vie qui hantaient son esprit à tout bout de champ. C’était sans doute ce qui était arrivé à Reed, si bien qu’à force, il avait fini par boire, comme si c’était la seule solution pour l’aider à oublier ses problèmes, comme s’il n’avait pas eu une charmante meilleure amie qui l’aurait écouté et qui se serait empressée de trouver mille solution pour lui permettre d’oublier ce qui le tracassait. Elle ne l’avait jamais laissé tomber depuis qu’ils se connaissaient, depuis ce qui semblait être toujours à ses yeux. Avait-il cru que cette fois là, elle allait l’abandonné ou est-ce qu’il avait simplement conclu qu’elle ne pouvait absolument rien faire pour lui. Si c’était ça, il se trompait. Elle avait déjà tout fait pour lui. Elle serait capable de faire des miracles pour lui, elle n’en doutait pas. Elle en aurait été capable. Il n’avait juste pas voulu y croire et maintenant tout était devenu compliqué. Elle continua sa route dans les couloirs de l’hôpital perdue dans ses nombreuses pensées, celles dont elle aurait voulu se débarrasser mais qui restaient accrochées à son esprit comme une sangsue sur sa proie. Elle s’arrêta subitement alors qu’une vision la ramena violemment à la réalité. Là à quelques pas d’elle. Dorian. C’était bien sa vaine, elle aurait pu l’ignorer et simplement passer sa route, si ça se trouve, lui-même ne l’avait pas vu ou, s’il l’avait vue, peut-être qu’il préférait également éviter de lui adresser la parole. Qu’importe, il y avait quelque chose contre quoi elle était bien incapable de lutter : sa curiosité. Elle s’avança vers l’homme, laissant échapper un long soupire, comme pour se motiver. « Qu’est-ce que tu fabriques ici, Sherlock Holmes ? » C’était bien dans cet hôpital qu’elle l’avait rencontré pour la première fois, mais en principe dans les hôpitaux, on évite d’y retourner quand on n’y travaille pas. « J’espère que tu n’as pas eu un autre accident de voiture. » Elle haussa légèrement les épaules. « Quoi que sans voiture, ça va être difficile. » Elle l’avait bien compris ça qu’il n’avait plus de voiture pour rentrer chez lui et que ça le faisait chier. Qu’il rentre à pieds tiens, après tout, ce n’était pas à elle qu’il manquerait s’il quittait cette ville, bien au contraire, elle en serait parfaitement ravie.