L'INSOUCIANCE « Maman, est-ce que papa pourra venir à ma compet de volley ce week end ? » La jeune femme regarda Castiel d'un air désolé, et il comprit à la seconde même qu'encore une fois, il ne serait pas là pour l'encourager.. De toute façon, il n'était jamais là. Il commençait à en avoir l'habitude de le voir une fois par an, pour son anniversaire. Et encore ça pouvait être un mois après.
« Ce sera comme d'habitude, il sera pas là, hein ? » L'absence de son père lui faisait un drôle d'effet. C'était un gros manque. Pour ne pas dire énorme. Et sa mère avait beau lui expliquer que c'était pour qu'on aie beaucoup d'argent, rien n'y faisait, il lui manquait. Mais pour lui ce n'était pas important, son travail lui prenait tout son temps.
« Mon chéri, tu sais qu'il t'aime, hein ? » Castiel était planté devant la jeune femme, ne sachant pas quoi lui répondre. Après tout, s'il l'aimait vraiment, il serait là pour lui. Heureusement que sa mère était là, elle. Elle était toujours là : pour le consoler, lui dire que tout va bien alors que dans sa vie rien ne va, que l'homme avec qui elle est marié ne la jamais aimé, qu'il se tape des stagiaires à longueur de journée, tout ça parce qu'il est le patron d'une multinationale et surtout qu'il n'en a rien à faire de son fils de 8 ans.
« Je sais que toi tu m'aimes, maman. » Elle le regarda le plus tendrement du monde avant de le prendre dans ses bras. Il la croyait, c'était sa mère et elle ne lui mentirait jamais...
LA GLOIRE « Bonjour à tous et bienvenue sur le plateau de votre émission préférée, sur BBC One. Nous sommes en direct avec le fameux journaliste Castiel Hastings qui enquête sur le célèbre assassin de 2006. » Ca y est, il était enfin reconnu. Tout ça grâce à un petit papier publié dans un journal gratuit. Et c'était le rédacteur en chef du New York Times qui l'avait contacté. Le rédacteur lui même ! Depuis, Castiel vivait un petit rêve. Il publiait chaque semaine dans une rubrique spéciale consacrée au meurtrier et bientôt il aura une rubrique quotidienne. Tout lui souriait. Il avait même pu se prendre un appartement avec sa toute nouvelle paie. Certaines personnes le reconnaissaient même dans la rue ! Alors quand il avait reçu un mail pour venir parler de son enquête à la télévision, on aurait dit un enfant recevant un cadeau de Noël. Il était tout fou. A peine sorti de l'interview, son téléphone avait sonné. Une flic. Une certaine Alaska.
« Monsieur Hastings ? Ici Alaska Baxter, j'enqûete sur le tueur de 2006. J'aimerai vous rencontrer un de ces jours. Chez moi ? Demain, 19h ? Je vous enverrai mon adresse par sms. » Il n'avait presque rien pu dire. Elle savait déjà ce qu'elle voulait à cette époque. Finalement, heureusement qu'il a fait cette interview. Sinon, il ne l'aurait jamais rencontrée.
LE BONHEUR « Alaska ? Ou-est ce que t'as encore mis la télécommande ? » Pas de réponse de la jeune femme toujours plantée dans son bouquin.
« Alaska ? Si tu ne me réponds pas je vais devoir employé la manière forte ! » lança Castiel un sourire en coin. La jeune femme faisait mine de ne rien avoir entendu et ne levait pas les yeux. Pourtant Castiel savait bien qu'elle faisait exprès. Il se jeta sur elle, jetant son livre sur la table basse et la chatouilla avant qu'ils explosent de rire en cœur. C'était ça leur quotidien de vie ensemble. Pas ensemble comme un couple, non, mais comme deux colocataires, deux meilleurs amis qui se comprennent, s'entraident et se soutiennent. Pour eux, c'était leur "amitié echappatoire" comme ils aimaient l'appeler. Lui l'aidait à ne pas foncer trop vite pour venger son fiancé tué par le fameux tueur de 2006 et elle l'avait aidé à ne pas sombrer quand le rédacteur du New York Times l'avait viré puis quand sa popularité était remontée en flèche au retour du tueur. Tout aurait pu être parfait jusqu'à une magnifique soirée de juin.
« Dis Cast' tu me passes une bière ? »Ce dernier alla jusqu'à la cuisine, chercher un bouteille, l'ouvrit.
« Une bière ? T'es sûre ? » Il porta alors la bouteille à ses lèvres, la narguant .
« Castiel Simon Hastings, je vais te tuer tu sais ! » Elle se saisit alors d'un coussin sur le canapé et poursuivit Castiel dans tout l'appartement. La guerre avait éclaté, la bouteille de bière sur le sol aussi d'ailleurs mais ils s'en fichaient. Les voisins du dessous devaient bien se plaindre de tous les bruits de pas au dessus de leur tête mais de ça aussi ils se fichaient.
« Une dernière volonté monsieur ? » Alaska se trouvait au dessus de lui, le menaçant d'un coussin. Quelque dizaines de seconde de silence plus tard, ils dérapèrent, tous les deux, ensemble. Deux ans, bousculé par cet unique instant. Par ce baiser.
LA DECHEANCE A la suite de ce baiser, ils avaient passé la nuit ensemble. Une des plus belles nuits de Castiel depuis bien longtemps. Mais le lendemain matin, la place à côté de Castiel était vide. Alaska était partie. Plus aucun vêtement, ni autres effets personnels. Elle avait pris sa valise, comme si elle ne reviendrait jamais. Castiel est sorti en courant dans la rue, pour la rattraper mais il ne l'a pas vue. Peut être parce qu'Alaska est restée cachée dans une rue parallèle pour le pas le voir, ne pas lui montrer qu'elle pleurait. Il a tenté de l'appeler sur son portable, il était toujours éteint. Il lui a laissé des dizaines de messages vocaux. En vain. Il l'avait perdu. C'était de sa faute. Enfin il remettait toute la faute sur ses épaules. Il savait que ça arriverait un jour. Cette fille était tellement spéciale. Et puis son sourire, ses gestes, son attitude. Elle était parfaite. Et il fallait qu'elle soit partie pour qu'il s'en rende compte. Plus les jours passaient plus il désespérait. Il s'était mis à écumer les bars, à coucher avec n'importe qu'elle fille pour l'oublier. Mais comment pouvait-on oublier la perfection ? Comment ?
L'ESPOIR « Vous connaissez cette jeune femme ? » Castiel montrait encore et encore une photo d'Alaska dans les rues de Paradise. Comment était-il arrivé là ? Et bien, durant tous ces jours, toutes ces nuits depuis son départ Castiel n'avait jamais cessé de penser à Alaska. Il avait immédiatement fait jouer ses contacts qu'ils soient journalistes ou policiers. Il avait même appelé la mairie de Paradise, l'endroit où elle était née, pour savoir s'ils avaient des nouvelles de sa part. Mais personne, n'avait de nouvelles là bas. Ou personne ne souhaitait lui en donner en tout cas. Une semaine après le début de ses recherches, il reçu un mail intitulé "
coordonnées Alaska Baxter". Il venait d'un de ses contacts à la police. Dès lors qu'il l'avait reçu, il restait la souris de son ordinateur plantée dessus sans pour autant cliquer dessus pour l'ouvrir. Pourquoi ? Il ne le savait pas. Il y avait quelque chose qui le chiffonait. Un peu moins de trois semaines passa comme ça, sans qu'il n'ose voir ce que recelait le fameux mail. Mais un matin, n'en pouvant plus de se mentir et n'ayant pas dormi de la nuit, il s'approcha de l'ordinateur et se força à cliquer. Il y avait une adresse. Une toute petit adresse. Pourtant plus rien ne pouvait repousser Castiel. Il attrapa sa sacoche, ses clés de voitures et laissa l'appart en plan, pour la retrouver. A Paradise. C'est comme ça qu'il s'est retrouvé dans cette petite ville, depuis deux semaines déjà à écumer les rues et commerces à la recherche d'Alaska.